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27/12/2015

_Le syndrome de Babylone_

Le syndrome de Babylone : Géofictions de l'apocalypse : Alain MUSSET : 2012 : Armand Colin : ISBN-13 978-2-200-27536-5 (la fiche ISFDB du titre) : 354 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûte 22.50 Euros pour un tp illustré en n&b, disponible dans toutes les librairies.

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Comme l'a montré la sortie du (mauvais) livre de Christian Chelebourg (Les écofictions), le retour en force du post-apocalyptique (sous forme cinématographique d'abord puis sous forme zombifiée) a sans doute induit une éclosion parallèle d'ouvrages de référence sur le sujet. Ecrit par un géographe de profession, cet ouvrage se penche sur les fins du monde possibles, leurs représentations, leurs conséquences et la façon dont elles se lisent parfois dans des lieux précis.

français,2 étoiles

Après une préface de Roland Lehoucq et une courte introduction, l'ouvrage commence par l'une des plus anciennes apocalypses, celle (présumée) de l'Atlantide. En poursuivant sa première partie, l'auteur liste les divers types de fins du monde possibles : naturelles (déluges, tremblements de terre, météores, épidémies), créées par l'homme (guerres atomiques, pollution, virus) et planétaires (révolte de Gaia, réchauffement climatique ou à l'inverse glaciation). Sa deuxième partie est consacrée aux liens entre les villes et l'apocalypse avec en particulier un focus sur deux villes souvent ravagées : Paris et New York. La dernière partie évoque ce qui se passe après l'apocalypse (dans la mesure où il peut se passer quelque chose) avec les divers scénarios possibles (retour à la terre, évasion vers les étoiles, fin de l'humanité, etc.). Une brève conclusion termine l'ouvrage qui propose aussi une large bibliographie multimédia (20 pages) et de copieuses notes. On notera avec regret l'absence d'index.

français,2 étoiles

Il est clair que le sujet n'est pas réellement original et que la structure de l'exposé de Musset est assez classique. En effet, il existe pas mal d'autres ouvrages de référence sur le sujet (d'une façon générale) ou sur des fins du monde spécifiques, particulièrement par l'atome, d'Urbanski à Dowling en passant par Brians. Toutefois, l'approche de géographe de Musset est novatrice et s'appuie sur une vraie pratique et une vraie lecture du terrain. De plus, sa culture es-SF est un régal et lui permet de trouver toujours le "bon" exemple en alternant classiques du genre (bien évidemment on a droit à une tranche de Earth Abides de Stewart ou une de Ravage) et choses moins connues (The Dancer from Atlantis d'Anderson qui est longuement évoqué) voire en pêchant dans les eaux du fleuve (Planète Polluée de Béra).

français,2 étoiles

En tout cas, le tout forme un livre largement meilleur que celui de Chelebourg. C'est probablement le livre de référence en VF sur le sujet de par sa richesse qui traduit celle du genre tout entier puisque même si la SF écrite se taille la part du lion, les autres formes du genre (cinéma, télévision, bande dessinée) sont elles aussi mises à contribution pour éclairer le discours de l'auteur. Une vraie réussite (même si l'instance de l'auteur sur un certain André Morton a failli m'énerver).

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

_Lovecraft et la S.-F. /1_

Lovecraft et la S.-F. /1 : Michel MEURGER : 1991 : Encrage (collection "Travaux" #11) : ISBN-10 2-906389-31-5 (la fiche ISFDB du titre) : 190 pages (y compris index) : coûtait quelques dizaines d'Euros pour un hc illustré en n&b.

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Paru au sein de la luxueuse collection "Travaux" d'Encrage et dans la sous-collection (6 titres) "Cahiers d'études lovecraftiennes", cet ouvrage est dû à Michel Meurger. Cet auteur est un spécialiste de Lovecraft et plus généralement des interactions entre les croyances populaires et la SF ou le fantastique. Il s'arrête ici (du moins c'est le titre de l'ouvrage) sur les liens entre Lovecraft et la science fiction, entre autre pour repositionner l'auteur de Providence comme pratiquant de la SF et non, comme on peut souvent le lire, du fantastique.

français,2 étoiles,lovecraft

Après une courte introduction et une préface de S. T. Joshi (Le spécialiste US de Lovecraft), ce recueil comporte six essais de taille variable (de 25 à 40 pages) dont seul le dernier est inédit (les autres ayant déjà été publiés essentiellement dans le fanzine Etudes lovecraftiennes). Sont donc abordés successivement : 1) La réception d'HPL en France dans les années 50, 2) Les Martiens de Wells, 3) Les sources anthropologiques de Cthulhu, 4) L'imagerie de la pieuvre, 5) Le Petit Peuple chez Machen et Buchan et 6) Le mystère Shaver. Un index clôture ce volume qui est joliment illustré en n&b.

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L'ensemble donne une impression fort agréable de grande érudition et de recherches particulièrement solides (les notes de bas de pages sont particulièrement fournies et précises). On y apprend des tas de choses sur la proto-sf (et le proto-fantastique) et sur leurs relations avec le paysage culturel de l'époque et toutes les théories plus ou moins fumeuses (L'Atlantide, Mû, les trolls, les Aryens, Les terres creuses, etc.) qui ont successivement été à la mode des deux côtés de l'Atlantique. Seul le dernier essai marque un peu le pas, non pas pour un problème de qualité, mais parce que sont sortis récemment deux livres très complets sur le cas Shaver/Palmer (ce dernier étant en fait la vraie force derrière toute la mystification) : The Man from Mars de Nadis et War over Lemuria de Toronto.

français,2 étoiles,lovecraft

Le seul bémol parfaitement anecdotique est que presque la moitié des essais n'a guère de rapport avec Lovecraft (si ce n'est par diverses contorsions de la part de l'auteur) et parfois bien peu avec la science fiction (comme l'essai sur Machen et Buchan). Cela n'ôte rien au plaisir de la lecture mais peut décevoir un amateur de Lovecraft qui rechercherait dans ce livre sa dose maximum de Chtulhu (ce n'est d'ailleurs pas mon cas). Au final un livre intéressant et, ce qui ne gâche rien, d'une bonne qualité physique (comme souvent chez Encrage, du moins au début).

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Note GHOR : 2 étoiles

_Strange Highways_

Strange Highways : Reading Science Fantasy, 1950-1967 : John BOSTON & Damien BRODERICK : 2012 : Borgo Press (série "Borgo Literary Guides" #14) : ISBN-13 978-1-4344-4546-9 (la fiche ISFDB du titre) : 372 pages (y compris index par noms et titres) : coûte une vingtaine d'USD pour un tp non illustré (type POD).

anglais,2 étoiles

Chronologiquement le premier des trois ouvrages consacrés par Boston (aidé de Broderick) aux magazines de SF britanniques "indigènes" (c'est à dire pas les multiples BRE), cet ouvrage traite de la revue Science Fantasy et de sa suite quand elle est devenue pour une dizaine de numéros Impulse. D'abord brièvement sous la direction de Walter Gillings puis longuement sous celle de John Carnell et enfin sous celle de Kyril Bonfiglioli, cette revue a toujours été dans les années 50 et 60 une sorte de Poulidor des magazines de SF britanniques derrière New Worlds (une relation comme celle qu'entretenaient en France Fiction et Galaxie). Voulant explorer des textes aux frontières de la SF et de la Fantasy (au sens anglo-saxon), elle aura toujours du mal à garder un cap précis et n'offrira que peu de textes mémorables (l'auteur propose diverses sélections). Elle aura quand même révélé un certain nombre d'auteurs dont J. G. Ballard, Keith Roberts (qui l'illustrera souvent) ou Thomas Burnett Swann et aura même accueilli le premier texte publié de Terry Pratchett (dans son #60, un exemplaire qui se négocie à une centaine d'Euros).

anglais,2 étoiles

Mon avis sur cet ouvrage est le même que pour les deux autres opus de la série (Building New Worlds et New Worlds Before the New Wave) à savoir qu'il s'agit d'une étude très intéressante (et parfois assez amusante à lire) mais que, encore plus dans le cas de Science Fantasy dont peu de textes ont été réédités, elle nécessite une certaine familiarité avec le matériau source.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

26/12/2015

_Dancing Naked_

Dancing Naked : The Unexpurgated William Tenn : William TENN : 2004 : NESFA Press :  ISBN-10 1-886778-46-9 (la fiche ISFDB du titre) : vi + 426 pages (y compris bibliographie) : coûte 29 USD pour hc non illustré avec jaquette  disponible chez l'éditeur ().

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Une sorte de compagnon aux deux volumes de l'intégrale de la science fiction de William Tenn (Philip Klass pour l'état civil) parus chez NESFA en 2001, cet ouvrage est un recueil du "reste" de son oeuvre. Il comprend dans un joyeux pêle-mêle, quelques textes de fiction (non-SF), des essais (certains partiellement autobiographiques, mais aussi des préfaces, introductions et des notices nécrologiques). Les pièces maîtresses de l'ouvrage sont deux longues interviews (30 et 120 pages) de l'auteur par respectivement Josh Lukin et Eric Solstein. Une courte bibliographie (logique) et un texte se son frère (Morton Klass) terminent l'ensemble qui ne bénéficie pas (hélas) d'un index.

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Pour être franc, une bonne partie du livre n'offre guère d'intérêt, soit parce qu'elle est anecdotique (les autres fictions de Tenn) ou d'un apport limité (les nécrologies ou les introductions). Heureusement, les longues interviews, même si elles sont parfois un peu décousues (et du coup présentant un certain nombre de redites), apportent un éclairage bienvenu sur la vie, les mœurs et les aventures d'un écrivain américain de SF dans les années 50/60. On y croisera pas mal d'autres acteurs du genre, parfois montrés sous un jour peu flatteur (Campbell et Heinlein en particulier n'en sortent pas grandis). On regrettera, comme souvent avec les interviews de cette taille, l'absence d'index qui rend difficile la recherche d'un détail précis. Au final, un ensemble utile pour mieux appréhender un auteur parmi les plus amusants du genre.

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Note GHOR : 2 étoiles

23/12/2015

_Sibilant Fricative_

Sibilant Fricative : Essays and Reviews : Adam ROBERTS : 2014 : Steel Quill Press (#SQ 001) : ISBN-13 978-1-907069-75-8 (la fiche ISFDB du titre) : 269 pages (pas d'index ni bibliographie) : coûte 14.99 GBP pour un tp non illustré produit en POD, disponible chez l'éditeur ().

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Publiés par une des composantes de NewCon Press, la maison d'édition de Ian Whates qui publie pas mal de titres intéressants (et joliment produits comme la série Imaginings) tant en fiction qu'en non-fiction par la nouvelle vague des auteurs britanniques, cet ouvrage est un recueil d'essais et de critiques d'Adam Roberts. Ce dernier est un auteur britannique à la bibliographie conséquente (mais seulement partiellement traduite) qui mêle des parodies (alimentaires ou de commande ?) de séries à succès (Star Wars, Harry Potter, TLOTR, etc.) et des titres nettement plus ambitieux. On lui doit aussi un nombre non négligeable d'ouvrages sur le genre dont certains ont été évoqués sur ce blog (ici, , ou là).

anglais,2 étoiles

Après une introduction mi-figue mi-raisin de Paul Kincaid et une préface de Roberts où il explique son optique de la critique (franche), cet ouvrage rassemble une cinquantaine d'essais critiques, une majorité étant consacrée à la SF (la partie "Sibilant") et le reste à la Fantasy (la partie "Fricative"). D'une longueur (d'une demie à une quarantaine de pages) et d'une forme (il y a des poèmes, une FAQ, des tweets, des dialogues entre réalisateurs...) variables, ces essais ne semblent pas être inédits (certains viennent du webzine Strange Horizons) et abordent essentiellement des romans même si l'on y trouve quelques films et une série télévisée (Lost). A noter l'absence d'index et de bibliographie.

anglais,2 étoiles

Une fois évacué dans la préface le classique dilemme de voir un auteur critiquer ses collègues et/ou connaissances, Adam Roberts fait clairement le choix d'une critique acérée (pour le moins). Il y a dans cet ouvrage un certain nombre de massacres à tronçonneuse qui sont, il faut l'avouer, assez jubilatoires. Dans cette catégorie (et pour rester dans l'écrit) on retiendra l'exécution de Titan (Ben Bova), de Willis (avec une fine analyse de sa popularité) et de l'interminable cycle The Wheel of Time de Robert Jordan (dans le plus long essai du livre). Même quand il est méchant, Roberts reste toujours factuel (ses critiques stylistiques sont appuyées par des extraits) et ouvre le débat sur des réflexions de fond, comme par exemple de savoir pourquoi tant de gens achètent Jordan, pourtant un auteur exécrable et ce que cette attitude nous indique sur le lectorat.

anglais,2 étoiles

Roberts n'est pas que négatif (même si  finalement peu de titres sont vraiment encensés) et certaines de ses critiques peuvent inciter à découvrir des textes, même si dans le cas de certains (comme Rajaniemi ou Tidhar) il vole un peu au secours de la victoire. Même quand il n'est que tiède, ses analyses sont toujours pertinentes et leur forme plutôt amusante malgré des cibles parfois un peu faciles comme les divers blockbusters cinématographiques US (Le livre d'Eli, Star Trek -le reboot-). Au final un ouvrage agréable à lire (même si la qualité technique d'impression n'est parfois pas au rendez-vous) et qui augure favorablement du nouvel opus critique de Roberts : Rave and Let Die (chez le même éditeur).

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles